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Vingt-quatre Poilus de Vacqueyras ne sont jamais revenus du front. Pour transmettre la mémoire de leur sacrifice aux jeunes générations, un passionné d'histoire, Jean-Pierre Desplenter, leur a consacré un exceptionnel travail de recherche.

 J’allais tous les ans aux Monuments aux Morts, c’est un respect. Maintenant, j’y vais d’une manière différente. Aujourd’hui, les Poilus de Vacqueyras font partie de moi.

Pourquoi vous êtes-vous lancé dans cette entreprise sur les Poilus de Vacqueyras ?

« L’été dernier, il y a eu une reconstitution historique à la Barthelasse à Avignon avec plus de mille figurants de tous les pays. Ma femme et moi, nous avons une passion, nous nous habillons à la mode 1900. On y est donc allés costumés comme à la Belle Époque. Et là, j’ai fait la connaissance d’une association qui s’appelle “Les Poilus du Vaucluse”. Quand je suis rentré à Vacqueyras, je me suis dit qu’il fallait que je fasse quelque chose. Je suis allé prendre en photo le Monument aux Morts qui se trouve dans le cimetière et j’ai décidé de retracer l’histoire de tous ceux qui y figurent. »

Étaient-ils tous natifs de Vacqueyras ?

« Sur les Monuments aux Morts sont répertoriés les soldats qui habitaient la commune au moment de leur départ pour le front. À Vacqueyras, quatre-vingts pour cent de ces Poilus étaient natifs du village. J’ai recherché aussi ceux qui figurent sur les Monuments aux Morts d’autres communes. La mairie m’a fait un très bon accueil, elle a photocopié les documents et dédié un espace aux Poilus à la bibliothèque, un espace que l’on fait vivre avec les familles qui prêtent des éléments personnels, notamment des lettres, et où on peut consulter les deux classeurs que j’ai constitués pour retracer leur histoire. Ils contiennent les copies des actes de naissance, des fiches matricules, des journaux de marches et opérations des unités. »

Vous avez donc fait des recherches sur tous les Poilus vacqueyrassiens ?

« Au total, j’en ai retrouvé cent soixante et onze. Pour les morts à la guerre, j’ai établi l’historique complet. Pour les autres, j’ai relevé les actes de naissance et les fiches matricules. Ce qui m’importait, c’était de retrouver les sépultures. Certains sont enterrés à côté des champs de bataille, d’autres dans des nécropoles ou dans des cimetières communaux. D’autres encore ont été rapatriés par les familles. J’ai eu quelques difficultés pour découvrir certaines tombes. Par exemple, pour un Poilu mort en Turquie, j’ai écrit à l’Ambassade de France à Ankara. Il est enterré là-bas dans un ossuaire toujours entretenu. »

Sur quels sites internet faut-il chercher pour trouver des renseignements sur les Poilus ?

« L’association “Les Poilus du Vaucluse” m’a aidé pour les sites internet à consulter. Il est d’ailleurs prévu qu’elle intervienne à l’école de Vacqueyras à la rentrée prochaine. Vous avez donc “Mémoire des Hommes” pour les Morts pour la France et les Fusillés pour l’exemple. Vous avez aussi “Grand Mémorial” et le site des archives départementales pour la recherche des soldats revenus de la guerre par les registres matricules. Je me suis rendu compte que beaucoup de Poilus revenus vivants sont morts en fait peu après. Ils avaient été gazés ou blessés en 1917 ou en 1918. Mais, ils n’ont pas eu la reconnaissance de la Nation, ils ne sont pas “Morts pour la France”. Ce qui m’a beaucoup touché dans les services d’archives, c’est le profond respect des gens et la volonté de vous guider. C’est extraordinaire. »

Quelle satisfaction en tirez-vous ?

« C’est de faire plaisir aux gens, de mettre à disposition des outils. J’aimerais beaucoup apprendre aux autres à se servir des outils internet. J’ai accumulé beaucoup d’expérience dans ce domaine. J’ai eu l’occasion d’inviter deux personnes à la maison. Entre leur montrer ce qu’on a trouvé et les mener directement devant l’écran, l’émotion créée n’a rien à voir. C’est émouvant. J’allais tous les ans aux Monuments aux Morts, c’est un respect. Maintenant, j’y vais d’une manière différente. Aujourd’hui, les Poilus de Vacqueyras font partie de moi. On a même fait la commémoration du 11 Novembre l’an dernier en uniformes d’époque. L’important, c’est qu’on ne les oublie pas. »