Espace élus

Aurore Petit est autrice et illustratrice. Elle a publié son premier livre en 2008 et exerce de métier depuis un peu plus de quinze ans. Invitée par le réseau des bibliothèques, elle est au cœur de 4 expositions dans les bibliothèques de Malaucène, Sarrians, Carpentras et Mazan, au printemps 2024. Aurore Petit a illustré et écrit de nombreux livres pour enfants et adultes, entre autres chez Actes Sud Junior, Les Fourmis rouges, Albin Michel ou Milan, dans lesquels l’humour n’est jamais très loin.

Rencontre avec Aurore Petit, autrice et illustratrice

Vous êtes surtout connu pour vos albums jeunesse. Vous en avez plus d’une vingtaine à votre actif. Vous écrivez, vous dessinez, illustrez des livres aussi pour adultes. On voit une orientation vers des livres pop-up, à chanter, un spectacle également. Souhaitez-vous donner une nouvelle dimension à vos créations ?

« En fait, je fais ce métier-là depuis une quinzaine d’années. Au début, quand j’ai commencé […] c’était moi mon premier public moyen et du coup, j’ai beaucoup fait des livres pour les grands ou des livres pour des adultes. Et depuis que je suis devenue maman, en fait, ça fait sept ans, ça a complètement changé mon rapport au livre parce que je lis beaucoup plus de littérature jeunesse, puis des albums tous les jours. Et en fait côtoyer des petits, vivre avec des petits m’a donné envie de changer mon langage et de penser des livres plus sincèrement pour eux.

Donc, ça fait six ou sept ans que je travaille beaucoup plus des livres pour les petits et aussi pour les bébés. Et de fait, je suis plus dans l’objet, d’où le pop-up. Je suis plus aussi dans le livre à partager, les livres à chanter. Et donc ce n’est pas vraiment un plan, ce n’était pas vraiment une intention de donner une nouvelle dimension à mon travail, mais ça s’est fait plutôt comme ça, très naturel, en vivant avec des enfants au quotidien. »

Quelle technique utilisez-vous pour ces réalisations ? Comment vous êtes-vous formée ?

« Pour le pop-up en particulier, j’ai fait une petite formation d’une semaine, mais en fait finalement, j’ai assez vite compris que ce qui m’intéressait dans le pop-up, ce n’était pas spécialement de faire des livres très techniques et spectaculaires, mais plus de voir comment le pliage pouvait cohabiter avec mon dessin. Parce que je ne voulais pas non plus tout réinventer et donc ce que je peux dire avec le pli, je le dis avec le volume. J’aime bien aussi avoir quand même beaucoup de place dans le dessin pour mes pop-up. Je vais avoir un pli très simple et je vais broder autour en dessinant comme avant.

En matière de technique, depuis le début, je crois que je suis toujours à la ligne claire noire. Des fois, j’essaie une autre direction, mais ça me rattrape toujours. Ce trait de contour assez fort me permet d’avoir un graphisme assez lisible et assez simple. Je suis beaucoup dans une logique d’épure. En fait, je retire tout ce qui ne sert à rien dans mes images. »

Le contact avec le public a-t-il une place importante dans la création ? Pensez-vous à lui avant même le dessin ou le dessin, vient-il au fur et à mesure des rencontres, comme aujourd’hui avec un atelier pop-up ?

« J’essaie de ne pas trop penser au public quand je fais mes livres, d’être dans ma petite bulle et d’essayer de voir si moi ça m’amuse déjà. Et donc je ne suis pas tellement dans la recherche de me dire est-ce que ça va leur plaire ou est-ce que je fais des livres plutôt pour cet âge-là ou pour cet âge-là. Après, je pense que c’est un bain général de cette période de vie où je suis très souvent en contact avec les petits et donc, je veux m’adresser à eux plus naturellement. Probablement que quand ce sera moins le cas je ferai des livres pour un autre public.

Un atelier comme aujourd’hui, où l’on a fait du pop-up avec des enfants et des adultes, va me permettre d’apprendre à transmettre de manière simple et évidente. Le dessin, ce n’est pas forcément simple, je trouve, à transmettre sur un atelier d’une heure comme ça. Donc, par exemple, là, j’ai fait un atelier de papier découpé parce que, en fait, il n’y a pas cette question de « je n’arrive pas à dessiner », « je ne sais pas dessiner », « comment fait-on Aurore ? », « aide-moi à dessiner ceci ou cela ». Là, avec le papier découpé, on a ce sentiment d’être tous un peu au même niveau et on est obligé d’utiliser un vocabulaire de formes simples, de bricolage. »

Est-ce votre première visite dans le Sud ?

« Je suis venu faire une résidence au Beaucet il y a neuf ans, en 2015, ici. Il y avait un appel à projets et j’avais besoin de temps pour travailler sur un album. Donc j’avais proposé ma candidature pour cette résidence-là et j’avais été retenu. J’ai passé trois mois dans cette région à visiter pas mal de petits villages aux alentours de Carpentras et j’en garde un souvenir très fort. Et donc, quand Émilie Bousquet [responsable du Réseau des bibliothèques de la CoVe, NDLR] et la CoVe m’ont proposé de revenir dans la région, j’étais ravi de pouvoir revenir. »

Ouvrages et illustrations par Aurore Petit