Espace élus

Président heureux du BMX Club de Sarrians qui évolue cette année en Division Nationale 1, Stéphane Garcia est aussi un élu qui compte à la Fédération Française de Cyclisme. Une ascension sportive accomplie en moins de deux ans. Retour sur ce parcours fulgurant.

Vous souvenez-vous de la première fois que vous êtes monté sur un vélo ?

« Non, mais je me rappelle de la première fois que j'ai fait du vélo de course. J'avais 12 ou 13 ans. C'était à Avignon. Un copain d'école me parlait tout le temps de ses compétitions. Voir comment il était passionné a éveillé ma curiosité. Et un jour, il m'a invité. Ça a été le déclic. J'ai demandé à mes parents de m'acheter un vélo de course. Ce copain s'appelle Jean-Michel Robert. Aujourd'hui il est le président d'un club de vélo à Avignon. On est toujours en contact. Ce qui est étonnant, c'est qu'on est parti tous les deux à fond là-dedans. Ensuite j'ai fait des courses jusqu'à l'âge de 20 ans et mon entrée dans la Gendarmerie où je suis resté onze ans. Et en 2000, j'ai été recruté par le groupe Areva, mais j'ai continué à pratiquer le vélo. »

Comment êtes-vous venu au BMX ?

« Des amis de Camaret nous ont dit : faites du BMX, vos filles vont adorer. Elles n'étaient pas partantes pour faire du vélo de route en raison des conditions de sécurité. Alors, nous sommes allés faire un essai à Sarrians et elles sont revenues enchantées, elles voulaient absolument s'inscrire. La première année, j'étais là en tant que papa, et la deuxième en tant que président. »

Comment êtes-vous devenu président du BMX Club Sarrians ?

« Moi, je dirai grâce à mes enfants. Mais, si j'écoute mon épouse, c'est à cause de mes enfants, parce que mon emploi du temps est très chargé maintenant. La présidence était vacante après le départ d'un président qui était resté trois ans et qui avait fait du bon travail. On m'a demandé si le poste m'intéressait. J'ai accepté parce que j'ai de l'ambition pour ce club qui est idéalement placé à quinze minutes des sorties d'autoroute, avec un camping, une salle des fêtes et presque trois hectares de prairie autour du club. En plus, la municipalité qui nous aide beaucoup joue complètement le jeu. »

Depuis que vous êtes président, tout a changé ou presque au club. Non ?

« Je ne suis pas révolutionnaire. Mais c’est comme en politique, quand on est élu maire ou député, on met un certain temps pour tout comprendre puis pour tout changer. Par exemple, le maillot de Sarrians était plein de couleurs et le nom des sponsors était peu lisible. On a donc choisi de le changer. Comme nous sommes partenaire du club belge de Zolder, nous voulions un maillot commun. C’est un clin d’œil. Ensuite, j’ai voulu une salle de réunion pour accueillir tout le monde et ne plus solliciter toujours la municipalité. J’ai aussi postulé pour obtenir des courses importantes. Cette année, on a organisé deux manches de Coupe de France, et l’année prochaine, les Championnats d’Europe viennent à Sarrians. On a candidaté aussi pour une Coupe d’Europe en 2019 et d’autres épreuves en 2020. C’est à travers de grandes courses qu’on peut favoriser l’économie du bassin de vie de la CoVe. On l’a vu avec l’ampleur prise par la Coupe de France. Sur le week-end en mars dernier, on a rassemblé plus de 5 000 personnes et 1 000 pilotes. On attend 80 000 spectateurs et plus de 3 000 pilotes pour les Championnats d’Europe de 2018. »

Le club de BMX de Sarrians se porte plutôt bien.

« Aujourd’hui, nous rassemblons près de 200 licenciés, ce qui fait de notre club l’un des plus important du Sud de la France, avec celui de Pernes-les-Fontaines. Nous avons 11 groupes, plus la division nationale - c’est beaucoup - avec 4 entraîneurs : Pierre-Henri Sauze, Steffy Gomez (pilote colombienne, dans les 20 meilleures mondiales), Simon Lukie, et Mathieu Olivier qui va passer son Brevet fédéral niveau 3 et qui signera un service civique de 20 heures pour travailler au club. Une dizaine de jeunes entraîneurs niveau Brevet fédéral 1 interviennent aussi bénévolement. Nous payons la formation car j’ai toujours considéré la formation comme une chance, pas comme une contrainte. En contrepartie, ils viennent nous aider à la demande. Ils râlent même quand on ne les appellent pas. C’est plutôt bon signe, ça signifie qu’ils sont complètement impliqués dans la vie du club. »

Comment organise-t-on une manche de Coupe de France par exemple ?

« On envoie une lettre d’intention d’organisation au comité régional de cyclisme qui la transmet à la commission nationale de BMX. Si elle est validée, la commission vient visiter le site et rencontrer les élus. Il faut que tous les acteurs locaux répondent présents. Ensuite, c’est le Conseil fédéral qui décide. La saison démarre mi-mars, elle compte une manche de Championnat et 10 manches de Coupe, soit deux par ville hôte. Il y a dix équipes en Division Nationale 1, dix en DN2. Deux équipes montent et deux descendent par saison. Notre budget est de 30 000 euros, ce qui n’est pas énorme. Les retombées ne sont pas négligeables puisque nous nous déplaçons partout. Même durant les Coupes d’Europe et les Coupes du Monde, on parle de Sarrians. »

Vous avez été élu à la Fédération Française de Cyclisme, parlez-nous de vos fonctions au sein de cette instance?

« Je suis élu au Conseil fédéral de la Fédération Française de Cyclisme qui est l’organe de contrôle du Bureau exécutif. Nous sommes une vingtaine de membres au Conseil fédéral et huit au Bureau exécutif qui met en application les décisions. Je fais partie de deux commissions : la plus importante de la fédération, la commission des finances, et la commission nationale de BMX. J’ai été élu le 11 mars et quinze jours plus tard je prenais mes fonctions au sein de la FFC à Saint-Quentin-en-Yvelines. Je ne m’axe pas uniquement sur le BMX, mon boulot porte sur le vélo au sens large. »

Vous avez déjà défini des axes de développement pour le cyclisme français ?

« L’avenir, on le voit plutôt bon. Le cyclisme français bouge. Nous devons faire des économies, ce qui n’est pas nouveau, développer le sport loisir, et donner aussi la priorité à la sécurité, que ce soit dans le cadre du loisir ou de la compétition. Nous sommes donc en liaison avec la direction de la Gendarmerie nationale et le Ministère de l’Intérieur. Nous axons aussi nos efforts sur le développement du cyclisme féminin en collaboration avec la Fondation ASO (Amaury Sport Organisation) et la Fondation FDJ (Française Des Jeux). »


Et l’avenir du cyclisme sarriannais, comment le voyez-vous ?

« Nous le voyons très bien avec tous les changements en cours. Nous envisageons de lancer une section sportive en collaboration avec un établissement scolaire de Carpentras. Des travaux vont aussi débuter sur la piste sarriannaise pour la mettre au niveau international avec une grande butte pour les départs. Avec la piste clôturée, nous allons pouvoir accueillir des équipes nationales et internationales tout au long de l’année. Les retombées économiques ne seront pas négligeables pour l’économie locale. Nous avons aussi sur un programme de courses jusqu’en 2020 qui permet à la Région, au Département et à la Mairie un retour sur investissement avec une activité de tourisme sportif soutenue en toute saison et donc une équipe de niveau national qui rayonne en France et à l’étranger. Bref, nous avons une équipe professionnelle. »

Dans la presse, on vous décrit comme un compétiteur né, quelqu’un d’actif et de bouillonnant. Comment vous voyez-vous ?

« Comme un incompris par mes amis sudistes, et du Vaucluse en particulier. On me reproche mon ambition, c’est clair. Je suis un peu le Macron du Sud dans le vélo. C’est ma fille qui me le dit parce qu’en deux ans, je suis parti de papa pour arriver à la Fédération dans la plus grosse commission tout en étant proche du président Michel Callot, ce dont je suis très fier. J’espère que les Vauclusiens comprendront qu’il faut avancer tous main dans la main. Aujourd’hui, le club de Sarrians explose. J’en suis très heureux. Mais mon boulot d’élu fédéral, c’est d’apporter des courses dans le Sud, d’aider le Sud, et d’être fédérateur. J’ai de très bons rapports avec les présidents des comités régionaux. Il est temps de relever les manches et de travailler dans la bonne entente. Et je suis persuadé qu’on va y arriver. Le temps fait son œuvre. »

Vous voyez plus loin que le BMX ?

« Je compte faire une belle carrière à la Fédération. Mon objectif, c’est au moins d’aller jusqu’à Paris 2024 et de travailler à l’organisation des Jeux Olympiques. Nous avons un président jeune et dynamique. On a des infrastructures qui sont toutes ouvertes pour le sport de haut niveau, mais aussi pour le social. On le voit, ne serait-ce qu’à Sarrians. On prête les vélos à ceux qui n’ont pas les moyens et on accueille des enfants de tous les horizons, c’est ce qui fait la richesse du club. On fait aussi des facilités de paiement importantes pour que l’argent ne soit pas un obstacle à la pratique du sport. Tous les ingrédients pour réussir sont réunis. Le sport ne doit pas être élitiste, il doit s’ouvrir à tous. C’est la base qui fournit le haut. C’est aussi ce qui donne envie et ce qui fait rêver. »

Dernière question : vous faites du BMX ?

« Non, j’ai compris que j’étais meilleur président que pilote. Je suis déjà monté sur un BMX, mais je préfère le rôle de papa pour encourager mes enfants et celui de président pour m’occuper du club. »