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Coordinateur du Groupe Ventoux de 2016 à 2020 à la Ligue de Protection des Oiseaux, Gaëtan Depaoli évoque le sort des oiseaux et les actions de son association.

Tout particulier, toute entreprise peut devenir refuge et accueillir des nichoirs sur sa terrasse ou son jardin à la condition de ne pas utiliser de pesticides et de favoriser la biodiversité.

Comment devient-on ornithologue ?

« Je suis ornithologue amateur. Avec ma compagne, on voulait reconnaître les oiseaux lors de nos balades. J’ai donc suivi des formations d’ornithologie avec la LPO pour apprendre les bases, savoir décrire un oiseau, son chant, sa façon de voler et de nicher, s’il migre ou pas. De cette façon, je me suis pris de passion pour les oiseaux et pour la biodiversité par extension. »

Quelle est votre fonction à la LPO ?

« J’ai adhéré à la LPO en 2014 en tant que bénévole, puis je suis devenu coordinateur du Groupe Ventoux en 2016. Avec la naissance de mon deuxième enfant, je me suis mis un peu en retrait. J’aide encore pour la coordination, la création des refuges, la communication. La LPO PACA rassemble quatre cents bénévoles et quatre mille adhérents. »

Comment vont les oiseaux de notre territoire ?

« Plutôt mal. On a une perte de 30%, toutes espèces confondues. Il y en a d’autres qui vont plutôt bien comme le rollier d’Europe, une espèce migratrice, ou le héron que l’on voyait moins avant. Des espèces disparaissent, comme la pie-grièche à poitrine rose. En Vaucluse, les populations d’hirondelles et de martinets sont stables, mais en vingt ans on a beaucoup perdu, comme à Venasque ou Monieux. Pour avoir un état des lieux, un comptage a été réalisé en 2019. Il y a encore beaucoup d’espèces : l’hirondelle de fenêtre, l’hirondelle de rocher, l’hirondelle de rivage, l’hirondelle rousseline, le martinet noir, le martinet à ventre blanc. La surprise a été Bédoin avec une grosse population d’hirondelles, notamment dans les hameaux. Mais aussi à Saint-Pierre-de-Vassols et Mormoiron. »

Pourquoi cette raréfaction ?

« C’est l’anthropisation* en général, la chasse, la sécheresse, les aléas de la migration, les intempéries, les pesticides. »

Quelles espèces remarquables peut-on apercevoir chez nous ?

« On peut voir le vautour percnoptère, le circaète jean-le-blanc, le faucon pèlerin, l’aigle royal, le milan noir, le milan royal. Des vautours passent aussi dans les gorges de la Nesque. Pour les espèces plus petites, on peut observer le guêpier d’Europe qui a de magnifiques couleurs, la huppe fasciée, les grives, les martinets, les hirondelles. »

Quelles actions de terrain menez-vous au sein de la LPO ?

« On réalise des inventaires et des comptages d’oiseaux, mais aussi d’insectes. On installe des refuges dans les centres de loisirs, les entreprises et chez les particuliers. Récemment, un refuge a été inauguré à Bédoin, au village de vacances des Florans avec lequel on a passé un partenariat d’animations. On va équiper de nichoirs et de panneaux d’information une colline où a été tracé un parcours d’orientation, et organiser un atelier de construction d’hôtels à insectes. Avec des balades dans le Ventoux et dans les Dentelles, on fait aussi découvrir les oiseaux au grand public. Côté éducation, on intervient dans les collèges, les lycées pour apprendre à reconnaître les oiseaux, à découvrir la nature, à faire des hôtels à insectes. »

En quoi consiste un refuge LPO ?

« Tout particulier, toute entreprise peut devenir refuge et accueillir des nichoirs sur sa terrasse ou son jardin à la condition de ne pas utiliser de pesticides et de favoriser la biodiversité. Les nichoirs sont destinés à des espèces différentes selon leurs tailles : chouettes, mésanges, rouges-queues. Quand les oiseaux ne nichent plus, ils se baladent, ils se cachent, dorment sur une branche. Ceux qui migrent repartent en Afrique ou dans le nord de l’Europe comme les tarins des aulnes, les pinsons, les étourneaux, les différentes espèces de grives et de bruants. »

Comment voyez-vous l’avenir des oiseaux ?

« Les temps sont difficiles pour eux. La LPO France existe depuis plus de cent ans, il faut continuer d’agir. La biodiversité tend toujours à diminuer. Le réchauffement climatique n’aide pas. Des espèces disparaissent, d’autres remontent. Et pas seulement les oiseaux, mais aussi les libellules, les papillons, le gecko. »

Quel est votre oiseau préféré ?

« Il est plutôt exotique, c’est le colibri ou le toucan. Un d’ici, magnifique ? Le guêpier d’Europe qui vie en colonie. Il creuse son nid dans une butte en terre. Chaque année, il revient en avril-mai au même endroit, comme les hirondelles. »

* L’anthropisation est la transformation d’espaces, de paysages, d’écosystèmes ou de milieux semi-naturels sous l’action de l’homme.