Espace élus

Au pied du mont Ventoux, au bout du chemin, Les Bellonis, énième hameau de Bédoin. Une poignée d’habitants, un coq, deux chiens et l’atelier de Sylvie Clop, présidente de l’association Ventoux Métiers d’Art.

L’idée est partie d’Olivier Dornier de l’association Toulourenc Horizon qui organise à Brantes une biennale, Brantes dans les Étoiles.

En quelle année avez-vous créé l’association Ventoux Métiers d’Art ?

« C’est en 2012. L’idée est partie d’Olivier Dornier de l’association Toulourenc Horizon qui organise à Brantes une biennale, Brantes dans les Étoiles. Il a eu l’idée de regrouper des artisans autour du Ventoux, de faire une espèce de route pour qu’on ne soit pas tout seuls dans notre atelier. Si on va faire une exposition personnelle, on emmène avec nous les plaquettes pour diffuser l’information. »

Combien de membres compte-t-elle et à quelles animations participez-vous ?

« Une bonne vingtaine. Il y en a qui arrivent, d’autres qui partent. Le 19 mai à Caromb pour la fête “0 kilomètre de l’Amap”, le 14 juillet la fête de l’abricot, au Barroux, mais je n’y vais pas cette année. Le premier dimanche d’août à Saint-Saturnin-lès-Apt, il y a la fête de la terre et des vieux métiers. Et septembre, début octobre, c’est la fête de l’élevage à Savoillans. Vers la Toussaint, à Pernes, il y a le salon Rencontre des Métiers d’Art aux Augustins. Et Brantes cette année y sera puisque c’est tout les deux ans. La dernière rentrée dans l’association, Anne-Marie à La Roque-sur-Pernes, elle fait de la teinture végétale. »

Quels sont les projets de l’association ?

« Avec le programme européen Leader, on a peut-être embauché quelqu’un qui ferait la diffusion, la communication, qui nous trouverait des endroits où exposer, qui vendrait de grosses pièces. »

Depuis quand êtes-vous installée à Bédoin ?

« Je me suis mise à mon compte en 2006. Mon métier c’est rempailleuse canneuse, artisane. J’ai commencé par la Fac psycho-socio à Bruxelles. Je suis venu faire les vendanges ici et je suis restée. Je me suis mariée avec quelqu’un du village. J’ai appris le métier auprès d’un rempailleur à Carpentras puis à La Rochelle. Les couleurs, les techniques de cannage. »

Comment vous faites-vous connaître ?

« Par les salons. À l’Office du Tourisme de Bédoin, ils m’exposent un canapé deux places, des chaises enfants. À la cave de Bédoin, j’ai un fauteuil. Au Moulin à Gordes, j’ai aussi de petites pièces. Puis par le bouche-à-oreille. Les clients qui sont contents en général reviennent. »

Combien de temps vous faut-il pour rempailler une chaise ?

« Chacun est différent, mais moi je mets quand même dix, quinze heures pour en faire une. C’est difficile parce que je ne compte pas trop mes heures non plus. Il y a différentes techniques et matériaux utilisés. Soit, c’est simplement en herbes de mer, elle est salée. Il y a aussi la sagne, de la paille de seigle de Saône-et-Loire, la classique et la colorée. Du début à la fin, ce n’est qu’un seul cordon. Un jour, un vieux monsieur m’a dit : j’ai failli mourir sans savoir sur quoi je m’asseyais. J’aime bien faire des expositions pour que les gens prennent conscience du travail. »

Qu’est-ce qui vous plaît dans ce métier ?

« Je suis indépendante, sans patron, sans horaires. Je suis quelqu’un de très speed, ça doit me poser un peu. On avait des chèvres quand on était là au début. Et on avait troqué une vieille chèvre contre un joli fauteuil provençal. Et puis le paillage a commencé à rendre l’âme. Est-ce que c’est ça qui m’a mis la puce à l’oreille ? Des rempailleurs, il n’y en avait pas beaucoup. Et du coup, j’ai pris l’annuaire. Allo, est-ce que je peux venir voir le métier ? Et c’est parti ! »

Vous continuez d’appendre ?

« Oui, c’est ce qui est chouette. Comme c’est artisanal, ce n’est jamais de la même dimension. Le cordon n’est jamais exactement pareil. Jusqu’à la fin de mes jours, je découvrirai. J’espère. Dans l’association, il y a la secrétaire qui est rempailleuse à Pernes, Florence Allène, de l’atelier La Zinzoline. On se donne des conseils, on fait des commandes groupées. »

Transmettez-vous votre savoir-faire ?

« Pendant deux ans, j’intervenais dans une association des métiers du bois. Il y avait des stagiaires. Maintenant, j’ai pas mal de demandes de gens qui veulent apprendre. Pourquoi pas des stages d’une semaine ? Je laisse un peu faire les choses, germer l’idée. »

Extrait interview