Espace élus

Sexualité, harcèlement, Internet, échec scolaire, citoyenneté... Tous les sujets sont abordés dans le cadre des actions de prévention menées par le Conseil Intercommunal de Sécurité et de Prévention de la Délinquance (CISPD) ? Quel est son rôle ? À qui s'adresse-t-il ? Julie Bernhardt, coordinatrice du conseil détaille son rôle.

Quand on parle de jeunesse, n’oublions pas les parents qui parfois n’arrivent plus à communiquer avec leurs adolescents.

Julie Bernhardt-Pradeilles

Coordinatrice du CISPD

Qu’est-ce que le CISPD ?

« C’est l’instance d’échanges et de concertation des partenaires engagés dans la sécurité et la prévention de la délinquance. Elle rassemble la police, la gendarmerie, l’éducation nationale, les centres sociaux, les associations, les élus autour d’une feuille de route commune. Mon rôle est de coordonner cette instance de travail et d’impulser des actions qui correspondent aux axes prioritaires de la stratégie territoriale définie collégialement. Le premier axe concerne la jeunesse. »

Quelles actions sont destinées à la jeunesse ?

« Dans les collèges et les lycées du territoire, le CISPD mène une sensibilisation au cyberharcèlement et aux dangers d’Internet dans le cadre d’un théâtre forum organisé par la Compagnies des Autres. Quand on parle de jeunesse, n’oublions pas les parents qui parfois n’arrivent plus à communiquer avec leurs adolescents. On leur propose donc un soutien auprès du PAEJ Le Passage [Point d’Accueil et d’Écoute Jeunes et parents]. Ils sont reçus avec leur adolescent ou isolément pour des problèmes d’échec scolaire, de difficultés relationnelles, de consommation de stupéfiants, d’idées suicidaires etc. Nous finançons aussi l’association AILE pour accompagner au Code de la route des jeunes présentant des difficultés d’apprentissage. L’association Numa, elle, propose des ateliers sur les valeurs de la République et la laïcité. »

Des actions du CISPD s’adressent-elles aux jeunes des quartiers prioritaires ?

« Deux actions du CISPD sont destinées aux jeunes des quartiers adhérents du centre social Lou Tricadou. La première s’appelle “Discutons-en” et se déroule sous la forme de soirées thématiques sur des sujets tels que la prévention de la radicalisation, les addictions, la contraception, parfois avec la projection d’un film au cinéma Rivoli suivi d’un débat. Elle les aide à se forger leur propre opinion, à s’ouvrir et à se confronter à d’autres points de vue. La deuxième action s’intitule “Voyage vers une autre citoyenneté” et concerne une douzaine de jeunes âgés de 16 à 18 ans qui préparent un voyage en partie autofinancé pour découvrir les capitales européennes. À Paris, ils ont ainsi visité le Parlement pour comprendre le fonctionnement des institutions politiques. Pour récolter des fonds, ils rendent par exemple des services aux habitants et ils vendent des gâteaux sur les marchés. De cette façon, ils apprennent à s’organiser, à gérer un budget. »

Abordez-vous le sujet un peu tabou de la sexualité des adolescents ?

« C’est un sujet nouveau financé depuis l’année dernière seulement. Dans les familles, il est encore très difficile de parler de sexualité. Les conséquences sont parfois dramatiques, tant pour les jeunes filles qui tombent enceintes que pour les garçons qui peuvent contracter des maladies sexuellement transmissibles. Sans parler des dangers d'utiliser exclusivement Internet pour trouver des informations et pour découvrir ce qu'est la sexualité. Le théâtre forum organisé par la Compagnie des Autres s’adresse aux parents et les incite à se livrer sur le sujet. La difficulté est de les mobiliser. Cette année, on travaille avec les deux centres sociaux de Carpentras. L’année dernière, dans le quartier Villemarie, cela s’est bien passé. »

Et celui du harcèlement scolaire ?

« Oui, l’action est en préparation avec la compagnie de théâtre Le Jardin d’Alice. L’idée est d’intervenir tôt, dès l’école primaire, sur des CM2, car la prévention est importante dès le plus jeune âge sur ce sujet-là. Il sera donc traité sous la forme théâtrale avec l’intervention d’une psychologue du Pôle Santé qui posera des questions aux enfants pour les faire réagir. »

Quel partenariat avez-vous avec la radio RTV FM ?

« Les élèves du micro-collège Jean-Henri Fabre* organisent de petits débats par exemple sur la prévention des conduites à risque en milieu scolaire qui sont diffusés sur les ondes de RTV FM et en podcast. D’autres jeunes sont envoyés par la Mission locale, le Passage, et le Point Info Jeunesse. Ils découvrent l’outil radio et la formule du débat les pousse à s’exprimer. »

Travaillez-vous avec l’Atelier Santé-Ville ?

« Sur le thème des addictions, un groupe de travail a été constitué avec les acteurs locaux, les associations spécialisées, et le Pôle Santé pour voir ce qu’il manque sur le territoire. C’est essentiellement de la prise en charge qui pourrait être améliorée. »

Et avec la Politique de la Ville ?

« Des passerelles existent, car nous menons des actions avec les mêmes partenaires, notamment Le Jardin d’Alice et la Compagnie des Autres que l’on finance pour partie par la Politique de la Ville et pour partie dans le cadre du CISPD. Le public provient autant du Contrat de ville [Carpentras] que du reste du territoire de la CoVe. Le Contrat de ville comporte un axe concernant la prévention de la délinquance. »

Qu’est-ce qui est fait pour aider les enfants victimes de violences ?

« La CoVe finance le poste d’accueil du Pôle d’Accueil Médico-Judiciaire porté par l’AMAV [Association de Médiation et d'Aide aux Victimes] au Pôle Santé de Carpentras. C’est une mission très délicate. Les enfants victimes de violences sexuelles représentent en effet la majorité du public reçu. L’intérêt du PAMJ est de rassembler tous les professionnels en un même lieu – médecin, avocat, police – pour une prise en charge globale de l’enfant. Il y bénéficie d’une audition filmée qui lui évite la répétition des mêmes questions et réponses. Ce sont les services de police et de gendarmerie qui envoient les victimes vers ce pôle, le public n’y a pas accès directement. L’outil est départemental, il n’y en a qu’un dans le Vaucluse. »

* micro-collège Jean-Henri Fabre : à Carpentras, il accueille des élèves présentant des risques majeurs de décrochage scolaire.

Plus d'informations sur le Centre Intercommunal de Sécurité et de Prévention de la Délinquance (CISPD) sur la page Sécurité et prévention :

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