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Qui n’a jamais rêvé de faire de sa passion son métier pour pouvoir la partager ? Enfant d’Aubignan, Benjamin Chastel a franchi le pas depuis le mois de mars 2020 en ouvrant un magasin de cycles. Rencontre.

J’ai touché à tout : l’entretien des machines, le montage, la réparation, la vente, les conseils...

C’est à Aubignan, village où sa famille est unanimement reconnue, qu’il a trouvé l’occasion de s’installer. Il est en effet le petit-fils de Fernand Chastel qui a créé le comité de jumelage avec Cheseaux-sur-Lausanne en Suisse. Très jeune, Benjamin s’est adonné à sa passion pour la petite reine, faisant même pendant un temps des courses. Professionnellement, c’est pourtant sur une autre voie qu’il s’est engagé. À quinze ans, il a appris le métier de carrossier peintre qu’il a exercé pendant neuf années. D’abord au garage Brun d’Aubignan, puis chez Bernard à Carpentras et à Orange. Ayant l’impression d’avoir fait le tour de sa profession, il franchit le pas et décide donc d’entamer une reconversion professionnelle.

Et tout naturellement, il se destine aux métiers du vélo, passant un certificat de qualification professionnelle en vente et réparation de cycles. Pendant une saison, il fait un stage chez un loueur de cycles à Bédoin. « Cela m’a permis d’apprendre beaucoup de choses. C’était un stage très formateur », reconnaît-il. Il poursuit sa formation en Île-de-France dans une chaîne de magasins spécialiste de la vente de vélos. « J’ai touché à tout : l’entretien des machines, le montage, la réparation, la vente, les conseils… J’y suis resté cinq ans. Et là, je me suis dit, ça y est, la musette est pleine, je suis prêt à me lancer. »

Retour au bercail

Le voici donc de retour aux sources dans son village d’Aubignan. Au début, c’est le garage de ses parents qui fait office de magasin. « L’espace était réduit. Je ne faisais que de l’entretien et de la réparation. Il n’était pas possible d’envisager la partie vente de vélos ou de matériel. Mais cela m’a permis de me faire connaître, de me créer une petite clientèle. » C’est alors que la mairie lui propose un local : l’ancienne échoppe du forgeron et maréchal-ferrant du village. « La municipalité voulait que le lieu garde son histoire et moi je cherchais quelque chose qui avait du cachet et qui fasse ancien. C’était l’endroit rêvé. » Le 16 mars dernier, « Les Cycles du Ventoux » ont donc vu le jour.

Là, il vend, répare, conseille, monte des vélos, propose des équipements et vêtements. « Le Vaucluse en général, et le Comtat en particulier offrent un terrain propice pour la pratique du cyclisme. Il y a de quoi faire. » Même s’il baigne toute la journée dans le vélo, dès qu’il le peut, Benjamin enfourche le sien pour aller pédaler. « Cela fait du bien à la tête », rigole-t-il. « Mais, c’est important aussi de pratiquer pour comprendre les attentes des gens et les conseiller. En fait, je vis ma passion à fond. »

Et Benjamin ne fait pas tourner seulement ses jambes, mais sa tête aussi ! Car il ne manque pas d’idées. « À terme, je ferai de la location de vélos. Mais là, c’est encore trop tôt, il ne faut pas s’éparpiller. C’est un autre métier qui prend beaucoup de temps et de place. Mon but est de rendre heureux les gens qui font du vélo. » Deux fois par mois, il organise aussi des sorties vélo le dimanche matin. « Elles sont ouvertes à tous, pas besoin d’être licenciés et d’avoir un niveau excellent. L’idée est de se rencontrer entre passionnés et de rouler ensemble. » Il voudrait aussi monter un bon club de course sur route et relancer une épreuve à Aubignan. Encore jeune, Benjamin a tout l’avenir devant lui pour poursuivre son rêve jusqu’au bout.

Abel Allemand