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Le confinement donne des idées. Nathalie Ballu, directrice de la crèche du Hameau des Vignes à Carpentras, a pris les choses à "Côté jardin" en assurant un accueil sur rendez-vous, une famille à la fois.

Le projet a très bien marché puisqu'une quinzaine de familles ont participé.”

Quel a été ton rôle pendant le confinement ?

« À partir du 16 mars, j’ai été confinée chez moi en télétravail. Je suivais les directives de la Caisse d’Allocations Familiales, je remplissais des dossiers et surtout je maintenais le lien avec les agents et les parents, par mail et par téléphone. J’ai appelé des familles dont je savais qu’en se retrouvant confinées, elles allaient vivre des semaines compliquées. Elles habitent dans des logements exigus, souvent avec deux, trois ou quatre enfants. Un projet a mûri dans ma tête que j’ai soumis à Nadine Ramade [responsable de la Petite enfance à la CoVe] qui l’a trouvé intéressant. »

C’est ainsi qu’est né « Côté jardin ». En quoi consistait ce projet ?

« C’était de proposer aux familles de profiter du jardin de la crèche une demi-journée, une famille à la fois. Nous étions deux pour accueillir parents et enfants avec des jeux à disposition. Les mamans ont pu libérer un peu leur parole. Le projet a très bien marché puisqu’une quinzaine de familles ont participé. L’expérience s’est aussi déroulée dans les crèches des Berlingots et du Bois de l’Ubac. Quand on a rouvert le 11 mai, les collègues des Relais Assistant Maternels et des Lieux Accueil Parents Enfants de Carpentras ont repris à leur compte les accueils « Côté jardin », et ça fonctionne bien. »

Comment t’es-tu organisée ?

« Je faisais un planning pour éviter que les familles ne se croisent. C’était ouvert le matin de 9h30 à 11h, et l’après-midi de 14h à 15h30. On s’est aussi aperçu que les mamans avaient du mal à faire l’école à la maison même si Lou Tricadou et les écoles du quartier ont bien rempli leur rôle. Certains jours, l’une de nous s’occupait des plus jeunes tandis que l’autre donnait des astuces à la maman pour faire les devoirs avec les plus grands. »

Quels enseignements tires-tu de cette expérience ?

« On a senti des mamans un peu excédées de devoir rester à la maison, de tout gérer, de faire le repas tous les jours. Même si on pouvait s’éloigner d’un kilomètre, elles n’osaient pas sortir. En restant avec leurs enfants 24h/24, certaines se sont aperçues qu’ils avaient des capacités qu’elles ignoraient. Je ne suis pas en poste ici depuis très longtemps, de cette façon, j’ai pu nouer une certaine complicité avec les mamans tout en demeurant bien sûr professionnelle. »

Aujourd’hui, avec les consignes sanitaires comment organises-tu le service ?

« Pour les deux sections [bébés et grands], j’ai dix-sept agents répartis en deux équipes qui ne se croisent jamais. L’une travaille lundi, mardi, mercredi. L’autre, le jeudi et le vendredi. La semaine d’après, on inverse. J’ai aussi deux agents à l’entretien qui permutent aussi. »

La crèche des Petits Berlingots est restée ouverte pendant le confinement. As-tu aussi participé à cette action ?

« Cette crèche n’a jamais fermé parce qu’elle a accueilli les enfants du personnel soignant. Il n’était pas question que les seuls agents des Berlingots soient mobilisés parce qu’on ne savait pas combien de temps allait durer le confinement. Les neuf directrices de crèches et leurs personnels ont assuré le service durant une semaine à tour de rôle. Les horaires pouvaient aller de 6h à 21h. »

Quelle est la fréquentation de la crèche du Hameau Les Vignes en ce moment ?

« On peut accueillir jusqu’à vingt enfants. Chez les bébés [3 à 18 mois], entre cinq et sept. Et chez les grands [18 mois à 3 ans], entre six et neuf. La semaine prochaine, avec la fin du télétravail, j’ai dix petits et douze grands de prévus. Si c’est confirmé, je serai obligée de redéployer deux familles sur la crèche d’Aubignan qui n’est pas remplie. »

Comment appliques-tu les mesures sanitaires imposées ?

« Stéphanie Fabre [service Petite enfance] et Laurence Cheviet [chargée des crèches] ont fait un gros travail sur les protocoles. Chaque directrice était tenue de les adapter à sa structure. Par exemple, chez nous on mange à l’extérieur. Les blouses et les masques ont été commandés en amont par le secrétariat du Pôle Cohésion sociale. Quand l’agent arrive, il se change au vestiaire, quitte ses chaussures, attache ses cheveux, se lave les mains, met son masque et sa blouse avec un gel hydroalcoolique marqué à son nom dans une poche. On n’impose rien aux enfants. La distanciation ne veut rien dire pour un enfant de moins de trois ans. Ils jouent comme d’habitude. Nous faisons beaucoup de désinfection après. Les parents doivent obligatoirement porter le masque et respecter le sens de circulation. Ils n’ont pas accès au casier des enfants. Ils apportent donc un petit sac à dos avec les affaires pour la journée. Il y a beaucoup de travail pour le personnel d’entretien. Tous les interrupteurs et toutes les poignées sont nettoyés après le passage des parents. Une désinfection complète des tables de change et des jouets est réalisée entre midi et deux et le soir quand tous les enfants sont partis. Heureusement, on a un appareil à vapeur. »

Prolonges-tu un peu l’expérience « Côté jardin » ?

« Dans les préconisations sanitaires, on nous a proposé de rester souvent dehors avec les enfants. Ainsi, ils sont moins collés les uns aux autres, et c’est mieux ventilé. Côté jardin, on organise donc l’accueil, le repas de midi, le goûter et souvent, quand le temps le permet, on sort les couchettes et les enfants font la sieste à l’ombre. »

Extrait interview