Espace élus

La Gare Numérique prend des couleurs. Entre Douanier Rousseau et Gauguin, la palette de Damien Mauro, alias GoddoG, revisite celles de ces illustres maîtres de la lumière en y ajoutant une touche d’art rupestre. Car c’est bien sur un mur blanc du futur temple de la technologie qu’il trace à l’acrylique son sublimé de paradis. Rencontre avec un graffeur graphiste de talent.

Quelle est la signification de votre pseudonyme GoddoG ?

« Il ne signifie rien en particulier. J’aime bien l’effet miroir du palindrome. Je viens de la culture graffiti. On a tendance à tous utiliser des pseudonymes. »

Comment êtes-vous devenu graffeur ?

« Autodidacte, j’ai toujours aimé le dessin, la peinture, les arts graphiques en général. Je suis arrivé dans ce métier par le graffiti, à seize ans, un peu pour le côté transgressif aussi. À l’époque, l’idée était d’accaparer l’espace public tout en faisant la part des choses entre ce qui appartenait à l’État et ce qui appartenait au privé. Le graffiti a servi de tremplin à ma passion pour la peinture. J’ai une formation d’éducateur spécialisé et j’ai bossé plus de dix ans comme travailleur social. Un beau matin, je me suis dit que mon projet de vie serait celui que je mène aujourd’hui. À trente et un an, j’ai créé ma boîte. Je suis artiste-auteur inscrit à la Maison des Artistes*. »

Quelles sont vos sources d’inspiration ?

« J’ai eu la chance de beaucoup voyager. Je m’inspire des cultures latine, asiatique, africaine, de l’art brut, de l’art primitif et des courants graphiques contemporains comme le futuriste italien ou le Bauhaus. Je ne prétends pas appartenir à ces écoles dans le sens où je ne développe pas de concept. Je peins plutôt de manière spontanée. Je m’intéresse plus à l’abstraction et à la peinture en tant que telle. L’art contemporain est parfois un peu trop élitiste à mon goût. »

Comment est né votre style ?

« Le processus de création et la méthode de travail se développent au fur et à mesure avec l’expérience et les orientations que je prends dans ma peinture. Il y a huit ans en arrière, il est certain que je peignais différemment. C’est une question d’évolution. Ce que je réalise aujourd’hui pour la Gare numérique, c’est un habillage graphique très léché. »

Justement, quelle commande vous a-t-on passée pour ce projet ?

« Il n’y avait pas de thème imposé. J’ai visité le lieu et j’ai pensé qu’une composition tout en douceur lui correspondrait parfaitement. J’ai soumis des esquisses et la CoVe en a retenu une. »

Quelle est votre technique ?

« J’emploie de l’acrylique appliqué au pinceau et au rouleau. Tout est tracé à main levée, sans calque, sans cache. Même si je viens du graffiti et que j’ai longtemps utilisé des bombes de peinture, je n’en supporte plus l’odeur. C’est aussi une question de santé. En atelier, je réalise des tableaux de tous formats et je peins toujours sur des murs extérieurs partout en Europe. J’ai même peint la façade d’un collège en Ukraine, en 2019, invité par l’Institut français de Kiev. »

Où peut-on voir vos œuvres ?

« Dernièrement, j’étais en résidence à l’école primaire L’Amandier à Avignon dans le cadre du projet “ Un artiste à l’école ”. J’ai travaillé à Vedène, à Marseille, à Montpellier. J’ai en commande un mur à peindre dans un hôpital psychiatrique à Nancy. J’ai aussi un projet à Aix-en-Provence, et je prépare une exposition de mes travaux d’atelier à Paris et à Sète. »

* Maison des Artistes : c’est l’organisme français, agréé par l’État pour la gestion administrative de la branche des arts graphiques et plastiques du régime obligatoire de sécurité sociale des artistes auteurs.

Fresque dans l'espace de coworking à la Gare Numérique

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