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Qu’est-ce que la Politique de la ville ? Sur quel socle repose-t-elle ? Quels sont les territoires concernés et quels sont les axes d’action ? Qu’est-ce qui est mis en œuvre pour la jeunesse et les adultes ? Martine Caviggia-Andriambalo répond à ces questions dans l'interview ci-dessous.

Les adolescents et les jeunes adultes constituent le public cible du contrat de ville. C’est donc un ensemble d’actions qui sont menées à leur intention en réponse aux besoins repérés.

Martine Caviggia-Andriambalo

Cheffe de projet Politique de la ville à la CoVe

Qu’est-ce que la Politique de la ville ?

« C’est un dispositif d’État visant à recréer la cohésion sociale dans les quartiers qui concentrent les populations les plus en difficulté. Il repose sur la notion d’équité et non pas d’égalité. La plupart du temps, une politique publique consiste à donner à tous la même chose. La Politique de la ville, c’est plutôt donner plus à ceux qui en ont le plus besoin pour leur permettre de bénéficier du même niveau de services que les habitants des autres quartiers. On investit donc beaucoup dans ces quartiers parce qu’ils cumulent des difficultés plus lourdes et plus nombreuses qu’ailleurs. »

Sur quel socle repose la Politique de la Ville ?

« Elle repose sur un contrat passé entre la collectivité, la ville de Carpentras et l’État. D’autres institutions comme le département, la Caisse d’Allocations Familiales, la Mutualité Sociale Agricole et les bailleurs sociaux ont signé ce contrat. On retrouve aussi bien sûr d’autres partenaires comme la police, la justice, Pôle emploi, et l’Éducation nationale. »

Quel est votre rôle dans ce dispositif ?

« Pour améliorer la situation globale d’un quartier et des familles qui y vivent, on doit traiter tous les problèmes qui s’y concentrent. Le rôle de l’équipe que j’anime est de faciliter la mobilisation des dispositifs disponibles et de faciliter la création de ceux qui n’existent pas. La Politique de la ville, c’est aussi bien vivre dans son logement et dans son quartier, participer à la vie de la cité, s’impliquer dans l’éducation de ses enfants, connaître ses droits et les faire valoir. Les familles en difficulté ont besoin d’être accompagnées sur tous ces sujets-là. Mon travail est celui d’un chef d’orchestre garant de la cohérence des actions proposées pour améliorer leur situation. »

Quels sont les territoires concernés par la Politique de la ville ?

« Ce sont quatre quartiers tous situés à Carpentras : le Pous du Plan, les Amandiers-Éléphant, la Quintine (Villemarie, Le Parc, Bois de l’Ubac) et le centre-ville. Environ 7 500 habitants sont concernés représentant un peu moins du tiers de la population de la ville et un peu plus de 10% de la population de la CoVe. Ces quartiers ont été choisis par l’Etat du fait de leur taille (+ de 1000 habitants) et du taux de pauvreté. »

Quels sont les axes d’action ?

« Dans tous les quartiers prioritaires, on rencontre des problèmes liés à l’insertion professionnelle, à l’éducation des enfants et à la relation parents-enfants, mais aussi des problèmes de délinquance ou de déviance, des problèmes d’accès au droit ou à la santé et des problèmes de participation des habitants à la vie de cité. Le contrat de ville propose donc de les accompagner sur cet ensemble de difficultés qui touchent à tous les aspects de la vie quotidienne. »

Qu’est-ce qui est mis en œuvre pour la jeunesse ?

« Les adolescents et les jeunes adultes constituent le public cible du contrat de ville. C’est donc un ensemble d’actions qui sont menées à leur intention en réponse aux besoins repérés. Par exemple, le centre social Villemarie développe un partenariat avec une association de parrainage qui accompagne l’insertion des jeunes dans de grandes entreprises locales. Volet d’une action qui s’appelle Initiative citoyenne, elle s’adresse à des jeunes en âge de travailler, mais qui ont un peu décroché. Environ 70% des jeunes passés par ce cursus ont décroché un emploi. Cette action illustre bien la valeur ajoutée de la Politique de la ville qui fait travailler ensemble des partenaires issus d’horizons très différents. »

Un autre exemple d’action financée par la CoVe ?

« Le village des loisirs est une action plus massive financée par la CoVe qui est à l’origine de la première édition et contribue à mobiliser le public. De la mi-juillet jusqu’à fin août, l’offre de loisirs pour les enfants, les ados et les familles est quasi inexistante à Carpentras si l’on excepte les centres de loisirs. L’idée est de leur permettre de découvrir des disciplines sportives et artistiques, de mener des projets citoyens, de passer du temps ensemble pour se connaître et créer du lien social. »

Une autre action avec les familles ?

« La ludothèque de la Roseraie propose aux familles des quartiers du Pous du Plan et des Amandiers des animations autour du jeu pour renforcer la relation entre parents et enfants. Elles se déroulent tous les mercredis après-midi au complexe sportif Coubertin et au complexe Tabarly des Amandiers. Aujourd’hui, chaque séance rassemble une cinquantaine de personnes. »

Et pour les plus grands ?

« L’association JobIRL aide les jeunes à choisir une orientation scolaire plutôt que de la subir. L’action est soutenue par la CoVe dans le cadre de la Cité éducative* de Carpentras. À la rentrée, l’association proposera à des élèves du collège Fabre de déjeuner avec des salariés qui parleront de leur métier et de leur entreprise. C’est une autre approche du monde du travail par le dialogue. »

*Cité éducative : dispositif de la Politique de la ville portée par Carpentras depuis septembre 2021.

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