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Le farmbot, c'est le robot potager du futur. L'exemplaire acheté par la Gare numérique a été monté et amélioré par Sylvain Grandemange, automaticien de formation et génial Géo Trouvetout.

Il faut voir le farmbot comme un laboratoire, une vitrine de l’agriculture de demain avec l’arrosage intelligent, la gestion des intrants. Une agriculture de précision.”

Quel est votre parcours Sylvain Grandemange ?

Je travaille pour une boîte d’étanchéité du bâtiment en général. On fait tout ce qui est couverture, bardage. On a le marché d’entretien pour la ville de Carpentras et on a travaillé récemment sur les ateliers-relais de la CoVe et chez Bio de Provence. Je fais les études, les chiffrages. Je suis arrivé dans le bâtiment un peu par hasard. Au départ, je suis automaticien de formation. Mon job était de concevoir des machines qui n’existent pas, tant du point de vue mécanique que de la partie opérative.

Comment passe-t-on d’automaticien de formation à constructeur de farmbot ?

 Je connaissais un peu le projet de Gare numérique. J’ai commencé à m’intéresser aux nouvelles technologies. Je me suis aperçu qu’il y avait des trucs formidables à faire. Un jour, P. B. [ndlr : ancien chef de projet Gare numérique] m’a proposé l’aventure farmbot. J’ai créé une microentreprise et pris un mois de congé sans solde pour le monter. L’idée était de faire un farmbot mobile.

Qu’est-ce qu’un farmbot précisément ?

 C’est un robot maraîcher. Ses concepteurs californiens ont eu l’idée de réunir à la fois la robotique de précision que l’on retrouve dans les imprimantes 3D avec les moteurs pas-à-pas, et le logiciel avec les cartes à microcontrôleurs. Et d’associer tout cela à l’open source [code source ouvert à tous] qui permet d’accéder librement à tout ce qui compose l’appareil : les plans, les logiciels. Des communautés se créent autour. Grâce à une base de connaissances mondiale, on enrichit très vite la technologie. C’est le cas pour le farmbot. 

Comment peut-on se le procurer ?

 Farmbot est une véritable entreprise implantée en Californie. Elle vend les farmbots en kit sur Internet. Ce qui n’est pas vendu, c’est la structure. On peut l’implanter hors sol ou dans son jardin. Cette structure, c’est moi qui l’ai conçue, en 3D, avec un logiciel. Le bois ne se trouve pas dans un magasin de bricolage. J’ai trouvé un spécialiste qui calibre ses planches et les rabote à la dimension voulue. C’est du pin lasuré. 

Comment fonctionne-t-il ?

C’est un système qui marche avec une application web gratuite nécessitant une connexion Internet pour accéder au serveur de Farmbot. Le nôtre est capable de gérer de façon autonome une surface de trois mètres par un mètre cinquante sur une hauteur de quarante centimètres. L’idée est d’avoir des outils que le bras vient chercher quand il en a besoin, pour sonder l’humidité par exemple. Le farmbot est aussi capable de planter la graine. Il va mémoriser l’endroit précis au millimètre près. Et il va suivre son évolution, arroser de façon intelligente, point par point. Dès que quelque chose va pousser qui ne devrait pas être là, il va être capable de l’enlever avec l’outil prévu. L’application dispose d’une très riche bibliothèque de plantes. Le farmbot a donc une idée de leur manière de pousser, des fréquences d’arrosage. C’est une façon de montrer ce que le numérique peut apporter à l’agriculture. 

Quel est l’intérêt d’un farmbot pour la Gare numérique ?

C’est de faire découvrir les technologies open source et les communautés numériques. Aujourd’hui, on a énormément de possibilités de partager les connaissances pour améliorer le farmbot. Si un outil casse, grâce aux plans, on peut le refaire avec une imprimante 3D. On n’est pas obligé de racheter l’outil. L’intérêt est aussi pédagogique avec la sensibilisation des étudiants, mais aussi des professionnels de l’agriculture. J’ai rencontré pas mal de viticulteurs très intéressés. Il faut voir le farmbot comme un laboratoire, une vitrine de l’agriculture de demain avec l’arrosage intelligent, la gestion des intrants. Une agriculture de précision. Il existe déjà des solutions comme les robots désherbeurs. Le fait d’enrichir en open source peut susciter des vocations, faire émerger des talents et même créer de l’emploi. 

Le farmbot a-t-il aussi une utilité sociale ?

Il peut aider à retisser des liens avec la nature, il peut améliorer la qualité de notre alimentation, il peut instaurer des circuits courts, favoriser l’économie de proximité, sensibiliser les citadins aux enjeux de l’environnement, éduquer les enfants au travail de la terre, au respect de la nature ou aider à la réinsertion. Il peut aussi profiter à la biodiversité, être une réponse aux enjeux climatiques : moins de transport pour les fruits et les légumes, c’est moins de gaz carbonique rejeté. Le farmbot s’intègre aussi parfaitement dans l’agriculture urbaine qui commence à se développer. On voit apparaître des microfermes.