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Roméo et Juliette

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Pièce légendaire du répertoire, Roméo et Juliette est devenue, au fil du temps et des multiples adaptations dont elle a été l’objet, l’incarnation de l’histoire d’amour absolue.

Infos pratiques

Or sous les couches de sédiments accumulés se cache un soleil noir fait de déliquescence politique, de haines familiales, de personnages complexes et insulaires, bien éloigné de la lecture romantique dans laquelle on l’a cantonnée. « L’imaginaire collectif autour du répertoire me fascine », dit Éric Ruf. Tentant d’en comprendre
les raisons, il découvre « une sorte de pièce fantôme, un mythe si présent dans les esprits qu’il en est devenu autarcique, tournant sur lui-même ». Car cette tragédie qui recèle quelques savoureux moments de comédie est une pièce de contrastes entre la naïveté d’adolescents éperdus, dont l’amour fulgurant tient de la prescience, et la violence programmée des Montaigu et des Capulet qui ensanglantent Vérone, mus par une rancoeur ancestrale dont le sens même leur échappe. Situant l’action dans une Italie du Sud écrasée de soleil, où les esprits s’échauffent, une Italie pauvre où l’on observe les murs délabrés d’une grandeur perdue, où les peurs irraisonnées et les croyances populaires demeurent vivaces, le metteur en scène fait sonner le foisonnement extraordinaire de la langue de Shakespeare : rudesse, luxuriance, humour, c’est bien l’auteur du Songe et de Macbeth mêlés que l’on retrouve ici.